[…]Abû ‘Uthmân al-Hîrî avait été convié chez un homme. Celui-ci voulait en fait le mettre à l’épreuve. Quand il arriva chez lui, l’homme lui dit : « Tu n’as rien à faire là ». Abû ‘Uthmân rebroussa chemin. Mais avant qu’il ne soit rendu très loin, l’homme le rappela et lui dit : « Maître, revenez ! » Il fit donc demi-tour. Mais une fois arrivé, l’homme lui répéta ce qu’il avait dit la première fois. Il reparti donc. L’homme l’interpella bientôt une troisième fois et lui dit : « revenez comme vous le prescrit votre devoir. » Lorsqu’il arriva sur son seuil, l’hôte lui fit le même accueil. Il rebroussa donc chemin. Mais l’homme revint le voir une quatrième fois et le reconduisit chez-lui, puis le renvoya de nouveau. Il fit cela de nombreuses fois et trouva Abû ‘Uthmân inchangé. Finalement, il se jeta à ses pieds et lui dit : « Ô maître, je voulais seulement vous éprouver. Comme vous êtes vertueux ! » - « Ce que tu as vu n’est rien de plus que la vertu des chiens, répondit-il : quant on appelle un chien il vient et quand on lui ordonner de s’en aller, il s’en va ! »
On relate aussi de lui qu’il passait un jour sur une grande route, quand des gens jetèrent sur lui une urne de cendre. Il descendit de sa monture et se prosterna une fois pour signifier à Dieu sa gratitude. Puis il épousseta la cendre de ses vêtements sans rien dire. Des personnes lui demandèrent pourquoi il n’admonestait pas les coupables. Il répondit : « Quand un homme mérite le feu et que sa condamnation aux flammes est commuée en condamnation aux cendres, il n’a pas lieu de se fâcher. »
Extrait de L'éducation de l'âme, Ihyâ' 'ulûm al-dîn, Abû Hamîd Al-Ghazâlî
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